La traction animale avec deux ânes (dossier technique)

Comme ces questions reviennent souvent, voici un petit résumé technique à l'attention de ceux qui seraient tentés par l'aventure. N'hésitez pas à nous faire part de vos projets, cela fait plaisir de voir que nous ne sommes pas les seuls fous...

Le voyage

Partis depuis 8 mois, nous avons fait plus de 1000 kms à travers la France, dont trois mois en sédentaires durant l'hiver.

Les 700 premiers kms, réalisés en deux mois et demi ont bien usé les sabots des ânes, il était temps de s'arrêter pour l'hiver. Entre la Champagne et la Drôme, le relief était assez calme. Le timon démontable et remplaçable par un attelage nous a permis de passer les quelques trop grosses côtes, tirés par une voiture de passage (le roulotte stop...)

Depuis le massif central, notre auto nous suit. Soit nous partons en attelage et je vais rechercher la voiture en stop, en vélo ou à pieds, soit nous partons à pieds avec les ânes et je vais rechercher la roulotte et la voiture. Beaucoup de logistique qui me prend une à deux heures...

Les côtes de 3-4% passent maintenant que les ânesses sont bien entraînées (mais souvent les enfants descendent pour alléger)

Les côtes plus importantes peuvent passer si elles sont courtes mais il faut du temps, les ânesses s'arrêtent tous les 5 mètres.

Pas de soucis pour les descentes, c'est le frein qui fait tout le boulot mais c'est parfois stressant quand il faut être debout sur la pédale.

Les ânes

Deux ânesses du Poitou bien différentes, entre 1m30 et 1m35 au garrot, entre 300 et 350 kg, rien à voir avec les ânes de Provence donc...

Mathilde, 13 ans, plus imposante, n'a peur de rien, placée du côté circulation, il faut la stimuler.

Suzy, 7 ans, sa demi-sœur, plus sensible, a besoin d'être rassurée.

Elles ne sont pas ferrées, Mathilde porte régulièrement des hippo-sandales aux antérieurs uniquement (easy boots, prévues pour chevaux, tiennent moins bien sur Suzy)

Nous avons une dizaine de piquets légers,  200m de fil et une batterie portable pour faire un enclos chaque jour.

Hormis un peu de foin aux abords de l'hiver, nous ne leur donnons pas de complément, l'herbe leur suffit.

Le maître palonnier permet d'equilibrer leurs forces.

Côté harnais, tous les gens qui travaillent en traction animale nous l'ont confirmé, pour les charges lourdes, il faut des colliers et pas des bricoles. Les nôtres ont été réalisés sur mesure par un artisan-bourrelier.

La roulotte

Châssis métallique realisé par Longitude One, fabricant de roulotte en Vendée, 240 kg.

730 kg à vide (avec les meubles, les matelas et le poêle). Il faut ajouter le poids des habits, de la nourriture, des affaires des ânes, du système d'attelage, du meneur et des enfants qui sont souvent dans la roulotte. Poids total estimé: un peu moins d'une tonne (c'est beaucoup pour les ânesses)

Panneaux Sandwich maison (multiplex okoumé 5 mm, tasseaux 4cm, multiplex bouleau 3 mm, isolation en laine de mouton)

Bâche PVC pour le toit avec feutre

Freins à tambour

Frein au pied et frein à main

Le timon se démonte et peut être remplacé par un attelage classique pour voiture. Une Peugeot Partner 90 cv suffit pour la tirer dans la plupart des côtes, à du 30 km/h.

Nous sommes équipés d'un mini poêle à bois (prévu pour un bateau), très apprécié même au printemps!

Divers

Nous roulons en moyenne 10 kms par jour

Nous évitons de rouler sous la pluie, les ânesses n'aiment pas ça, elles glissent.

Nous avons un vélo pliant bien utile pour aller en reconnaissance ou faire les courses.

L'apprentissage des ânesses et du meneur

Mathilde et Suzy ont appris l'attelage en 2012. L'apprentissage a été facilité du fait qu'elles avaient déjà une bonne expérience des balades à pieds, qu'elles se connaissaient bien (demi sœurs qui ont toujours vécu ensemble), que nous les connaissions bien. Idéalement, un travail préalable aux longues guides dans un espace de travail clos eut été préférable, suivi de séances de traction d'un pneu par exemple... Dans les faits, nous les avons attelées ensemble assez rapidement (après seulement deux séances individuelles chacune) à une petite voiture marathon 4 roues. Il fallait obligatoirement être deux, un meneur et une personne à la tête pour rassurer. A part, un départ au galop dans les débuts, cela s'est passé tranquillement sur des petites routes de remembrement peu fréquentées. Après trois ou quatre mois de sorties fréquentes avec cette petite voiture, nous les avons attelées à la roulotte.

Dans les premières sorties, la meneuse a été bien accompagnée par une personne expérimentée en équitation naturelle et communication intuitive, nous permettant d'être à l'écoute des besoins et limites de nos ânesses.